Intel supprime des milliers d'emplois, est-ce la fin de la tech ?

Analyse des licenciements massifs dans la tech et de l'avenir du travail : moins de salariés, plus de TPE et l'essor des freelances seniors et juniors.
Après X (ex-Twitter), c'est au tour d'Intel de faire un licenciement massif.
Pour rappel X avait supprimé plus de 1200 emplois dernièrement .
Et maintenant c'est à Intel de procéder à une coupe de ses effectifs .
Et souvenez-vous, je vous avais déjà parlé de licenciements massifs il y a quelques temps .
Explications...
Le contexte dans lequel les recrutements ont été procédés
À l'époque, il y a eu dans la Silicon Valley et dans la tech en général une "vanity metric" qui était liée directement à la croissance d'une boîte et sa valorisation : l'effectif.
Les entreprises qui connaissaient une croissance étaient fières d'annoncer leur effectif et de montrer qu'elles étaient une grande boîte.
Mais plus le temps passe, et plus les entreprises réalisent qu'avoir un gros effectif, c'est souvent réduire sa marge nette (et de beaucoup).
Que diriez-vous si je vous disais que dorénavant vous auriez besoin de 2 roues supplémentaires sur vos voitures pour les faire avancer ?
Pourtant c'est un peu ce qu'ont fait les boîtes pendant des années !
Plus d'ingénieurs ne font pas avancer de beaucoup un projet, tout comme 9 femmes ne font pas un bébé en un mois.
Il y a des choses qui sont incompressibles et penser que "juste" l'humain va résoudre le problème c'est se leurrer.
La coupe salariale c'est la chose la plus évidente à faire en cas de problème pour une boîte. C'est s'assurer sans effort que son bénéfice va augmenter, car elle va réduire ses coûts fixes.
Après, il faut toujours garder suffisamment de gens pour que la compagnie continue d'avancer, donc l'opération n'est pas simple. Il faut procéder stratégiquement et souvent, garder les meilleurs.
Le cas X
Depuis qu'Elon Musk a montré qu'il fait toujours tourner sa boîte avec les mêmes résultats à la clé, tout en ayant beaucoup moins d'employés, la tech a bien compris ce phénomène et commence à l'intégrer.
Désormais, les boîtes se disent, autant limiter les coûts fixes et faire tourner la machine avec un noyau dur d'employés efficaces.
Et je vais m'avancer : toute la tech va procéder à la même opération dans les années à venir.
Autant ne pas faire l'autruche ou se cacher, les recrutements vont reculer.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura plus d'emplois, mais uniquement les plus expérimentés et les meilleurs vont trouver une place.
Et tout ce qui arrive, n'est pas arrivé à cause de l'IA mais uniquement à cause d'un constat : les sociétés ont brûlé énormément d'argent pendant des années.
La contagion
Comme tout phénomène viral, l'envie et le besoin de faire plus de chiffre vont pousser beaucoup de sociétés à procéder de la sorte.
Au début, les entreprises liées directement (concurrents, partenaires, etc.) vont reproduire ce phénomène, tant elles sont au contact des résultats et convoitent la même chose.
Mais petit à petit, ce phénomène va se propager au-delà des contrées et atteindre l'international.
On commence à le voir en Europe, notamment dans les hubs technologiques majeurs comme Londres, Berlin ou Paris.
Les sociétés américaines, ayant une longueur d'avance sur ces ajustements économiques, vont inspirer ou même forcer les autres marchés à adopter des stratégies similaires.
Pourquoi ? Parce que les investisseurs européens, asiatiques et même sud-américains observent de près la rentabilité des sociétés US et ne voudront plus soutenir des modèles obèses en effectifs et inefficaces.
De plus, avec la mondialisation de la tech, l'effet miroir est presque instantané : quand un géant ajuste, tout l'écosystème ressent la secousse.
Même les entreprises traditionnelles (hors secteur tech) vont commencer à questionner leur organisation et leur structure de coûts fixes.
On assiste probablement au début d'une redéfinition globale du capital humain dans l'économie numérique.
Les portes de sorties
Que les grandes compagnies remercient des employés c'est une chose, mais que va-t-il se passer pour l'emploi ?
Est-ce la fin du travail et de l'abondance pour tous ? Je pense que non !
Voici mon opinion :
Le travail tel qu'on connaît aujourd'hui avec énormément d'employés dans des grandes compagnies va changer.
Je pense que ces mêmes compagnies vont arrêter de recruter autant, mais que dans l'absence d'opportunité et de possibilité, beaucoup de gens vont se lancer et créer eux-mêmes des sociétés.
On a connu une ère du freelancing avec un besoin permanent de main d'œuvre pour les sociétés et startups en accélération.
Aujourd'hui, comme beaucoup de gens, je pense que la scale-up est une aberration, vouloir aller vite c'est une chose, mais une croissance organique vaut bien mieux qu'une croissance forcée, la dilution de capital, etc.
Vers l'ère des TPE
En l'absence d'alternatives, des sociétés vont se former et seront composées de peu d'employés, peut-être même que des associés. Et je pense également que ce modèle va se multiplier dans les années à venir.
Pourquoi c'est tout à fait plausible ?
Étant donné que les outils comme l'IA permettent désormais à des sociétés de sortir des produits beaucoup plus aboutis que les MVP d'il y a 10 ans, les sociétés même petites seront bientôt capables de prouesses technologiques.
Ne vous étonnez pas si vous entendez prochainement qu'un groupe de 2 ou 3 personnes arrivent à générer autant de revenu qu'une société de 50 personnes il y a 5 ans.
La productivité a tellement avancé ces 2 dernières années, que le futur n'aura rien à voir avec le passé que l'on a connu.
Et je n'ai pas peur d'affirmer qu'un Senior + des outils IA = une équipe de devs juniors, sans aucune exagération quand on s'y connaît un tant soit peu.
On attend déjà d'un dev aujourd'hui qu'il soit capable de coder (vite), de tester et de déployer. Très souvent on attend aussi de lui qu'il fasse du frontend, du backend et des tools... Tout seul.
Demandez ça à un junior :
Peu essayeront, peu y arriveront.
Il est pourtant beaucoup plus probable qu'un senior le fasse.
Pourquoi ?
Ce n'est pas parce qu'il est plus travailleur, junior ou senior sont tous deux motivés, mais les sociétés savent lequel des deux l'a déjà fait, et est le plus à même de le refaire.
Pourquoi prendrait-elles des risques ? Les grandes sociétés ne vont pas jouer au casino sur ce coup et rester dans leur zone de confort.
N'y a-t-il plus de place pour les juniors ?
Jusqu'à présent, oui, le marché le montre bien. Ni les juniors, ni les reconversions professionnelles trouvent leur place dans ce nouvel écosystème. On peut voir des fiches de postes très restrictives sur les annonces d'emplois, Linkedin, etc.
Est-ce pour autant fichu ?
Non, je pense qu'il reste des alternatives pour les juniors: montrer ses compétences.
Et pour avoir des compétences quand on n'a pas de boulot, il ne reste pas beaucoup de choix :
- Faire des projets et se faire repérer
- Faire des projets, les faire décoller et prendre soi-même son marché
Oui, des deux profils (junior et senior), ceux qui seront les plus contraints à voler de leurs propres ailes sont les juniors.
Et je dirai même que ces juniors sont les patrons des futures startups (TPE) à succès de demain.
Car là où les seniors ont l'avantage de l'expérience et trouveront une place sur le marché.
Et les juniors vont se lancer sans plan B et cette énergie de ne pas avoir le choix fera d'eux des concurrents redoutables pour les grandes compagnies d'aujourd'hui.

Alexandre P.
Développeur passionné depuis plus de 20 ans, j'ai une appétence particulière pour les défis techniques et changer de technologie ne me fait pas froid aux yeux.
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