L'occident est dans l'erreur

L'occident est dans l'erreur
Alexandre P. dans Startup - mis à jour le 04-06-2025

Et si faire plus avec moins était l’avenir ? Réflexion sur l’innovation frugale, OpenAI, l’Afrique et nos excès technologiques.

Dernièrement, j’écoutais un podcast que j’apprécie particulièrement : Silicon Carne.

Si vous ne connaissez pas encore, allez y jeter une oreille, c’est souvent brillant.

Et à un moment, une phrase m’a fait tiquer : "OpenAI lève seul 40 milliards, soit bien plus que tout le continent africain."

Dit comme ça, ça semble impressionnant. Pourtant, ce type de comparaison est trompeur.

Le cas OpenAI

Oui, ChatGPT est un outil bluffant, et oui, OpenAI a ouvert la voie à des usages puissants, et promet encore beaucoup dans les médias, la vidéo, la génération de contenus…

Mais si on prend un peu de recul, le tableau est bien plus nuancé :

  • OpenAI n’est pas encore rentable
  • À l’origine, c’était une organisation à but non lucratif, dédiée à l’ouverture de l’intelligence artificielle
  • Le coût énergétique des modèles est énorme, et l'efficience n’est clairement pas optimale

D’ailleurs, d’autres acteurs commencent à montrer qu’on peut faire mieux avec moins :

  • DeepSeek, dont le modèle peut être entraîné plus efficacement
  • BitNet, qui repose sur des entiers 1-bit pour réduire drastiquement la consommation

Dans ce contexte, "mieux" signifie aussi : plus sobre, plus responsable, plus intelligent dans l’utilisation des ressources.

Et c’est là que cette comparaison avec l’Afrique mérite d’être réévaluée. Non pas pour stigmatiser, mais pour apprendre.

L’Afrique, école de la frugalité

L’Afrique est souvent vue à travers le prisme de la pauvreté ou du manque. Pourtant, elle est aussi un vivier d’ingéniosité brute, de résilience et d’innovation frugale.

Je pense par exemple à ces ingénieurs togolais qui récupèrent des déchets électroniques pour fabriquer des imprimantes fonctionnelles. Ou encore à ces jeunes qui développent des applis sur des téléphones basiques, sans infrastructure cloud dernier cri.

Pendant que chez nous, on s’étonne encore qu’un étudiant doive passer un examen sans calculatrice, ailleurs, on vous répond qu’ils ont appris à le faire de tête.

Ce n’est pas une question de supériorité. C’est une différence de contexte et d’approche. Là où certains disposent de peu, ils compensent par l’intelligence d’usage.

Un exemple frappant : Chez nous, pour mettre en place un système de paiement mobile, il faut des banques, des apps, de la 4G, des smartphones, des APIs, des audits, des devs backend, frontend, QA…

Au Kenya, c’est un simple SMS. Depuis 2007. Et ça fonctionne sur tous les téléphones. M-Pesa est sans doute l'une des plus belles démonstrations d'efficacité minimaliste.

Et maintenant, on fait quoi ?

Dans un monde de ressources finies, ce genre d’approche est plus qu’une leçon : c’est une voie d’avenir.

Cela porte un nom : Jugaad Innovation, concept popularisé par Navi Radjou. L’idée ? Innover avec peu de moyens. Pas faire du cheap. Faire mieux avec moins.

afrique-opti

Cette courbe est une extrapolation de cette philosophie. Elle n'est pas à prendre au pied de la lettre mais elle montre juste qu'un système basé sur un besoin qui croit aussi vite qu'une population ou qu'une économie ne fait aucun sens.

Que peut-on faire concrètement ?

Voici quelques pistes concrètes pour nous aider à sortir de notre logique de surconsommation :

  • Choisir des machines plus sobres : si vos serveurs consomment 120W, remplacez-les par des modèles ARM ou basse conso à 35W.
  • Limiter les builds CI/CD inutiles : des pipelines intelligents peuvent réduire de moitié la facture cloud.
  • Recycler le code : au lieu de tout réécrire, réutilisez, factorisez, mutualisez. Moins de code, c’est moins de bugs, moins de maintenance, moins de compute.
  • Réduire la dépendance au cloud : mutualiser des VPS, revoir l’usage des microservices, parfois un monolithe bien pensé est plus économe.
  • Optimiser l’UX pour la sobriété : des apps plus légères, moins d’images, moins de JS, plus d’accessibilité offline.
  • Utiliser des outils comme M-Pesa ou USSD dans les cas d'usage locaux : pas besoin de 5G pour envoyer une info.

Il ne s’agit pas de revenir à l’âge de pierre, mais de remettre en question l’idée selon laquelle plus de puissance = plus de progrès.

Souvent, c’est l’intelligence de conception qui fait la vraie différence.

#innovation frugale#surconsommation#jugaad innovation#écologie dans la tech

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Alexandre P.

Développeur passionné depuis plus de 20 ans, j'ai une appétence particulière pour les défis techniques et changer de technologie ne me fait pas froid aux yeux.


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